LES MONÉGASQUES
Les Monégasques sont appelés ainsi pour que nous ne les confondions pas avec les Monacotiens.
Monaco est une principauté prétendue pleine de putes, mais, personnellement, je n'ai vu monter personne.
La principauté de Monaco est administrée par un tyranneau bouffi dont la femme se faisait sucer la langue par Cary Grant dans les films d'Hitchcock avant que son père, parvenu dans les cimenteries américaines, ne l'oblige à épouser le majestueux, rondouillard susnommé.
Grâce aux efforts incessants d'une mafia de promoteurs pourris, Monaco peut s'enorgueillir aujourd'hui d'être la réplique architecturale exacte de la joyeuse Sarcelles des environs parisiens. A ceci près que si les zachélèmes sarcelloises regorgent de mornes pauvres suintant d'ennui, celles de Monaco débordent de gluants vieillards cancéreux sursitaires, bouffis d'insuffisance et boursouflés d'argent mal acquis qu'ils dilapident sans joie sous les serviles courbettes des croupiers pingouineux, tandis que les croupières s'accroupent à croupetons aux creux des adolescents en vacances. On dit alors que l'été est torride.
Les Monégasques ont-ils une âme?
Pour le savoir, ouvrons un Monégasque, grâce à la vivisection dont nous déconseillons vivement la pratique sur les chiens car c'est fort douloureux. Que voyons-nous? Entre la médaille de la Sainte Vierge et les poils du pubis, le Monégasque ouvert sent la merde chaude : c'est l'intestin. Au-dessus, palpitant comme n'importe qui d'autre qui palpiterait, se trouve le cœur. Derrière celui-ci, on découvre un estomac plein de Chivas aux fruits de mer, puis un foie, deux reins, trois raisons de boire Contrexéville. Mais d'âme, point. Alors que si l'on ouvre Mère Teresa, on trouve encore plus d'âme que de femme dedans. Autant dire que la vie est un perpétuel émerveillement.
Tous les ans, quand ils sentent pointer le printemps, les Monégasques par milliers viennent s'amonceler sur les trottoirs en grappes stupides pour voir passer des automobiles. C'est le Grand Prix de Monaco. Les vrombissements sont très intéressants pour ces nombreux badauds dont les tympans se déchiquettent en crépitant quand les bolides abordent les côtes, mais, personnellement, je n'ai vu monter personne. A la fin du Grand Prix de Monaco, le conducteur d'auto qui arrive avant les autres se met à gesticuler en gloussant sottement et il gâche un magnum de la veuve Clicquot alors que les bébés ougandais agonisent au soleil dans l'indifférence générale des nations cloquées de cellulite. Puis le gros prince et la princesse grasse congratulent ce chauffeur d'automobile. Le gros prince le secoue aux épaules, et la princesse grasse lui tend à baiser sa petite main gantée dont on ne dirait pas qu'elle est la main de la fille d'un parvenu dans les cimenteries, tant les doigts sont fins, racés, longs et gracieux. Des vrais doigts de vraie princesse qui ne s'enfoncent jamais ailleurs que dans ses longs cheveux blonds qu'elle défait mollement au crépuscule avant de s'enchignonner pompeusement pour aller pérorer à l'ambassade en suçant des zakouskis cosmopolites.
En résumé, on peut dire que je n'ai vu monter personne.